Guéant se défend, Sarkozy s’énerve…

Claude Guéant est dans la tourmente. Et sa défense est maladroite. Pour se sortir de ce mauvais pas, il mouille Nicolas Sarkozy, qui enrage.

Anna Cabana : Il se défend comme Nicolas Sarkozy, oui, son ancien patron, son mentor. En faisant front. En affrontant le feu médiatique. Tous les feux médiatiques. Dans la seule journée de mardi, Claude Guéant a enchaîné, tenez-vous bien, BFM TV, RMC, Canal+, RTL, Europe1, LCI et France 2. La vraie question, c’est quelle chaîne ou quelle radio il n’a pas faites. Un vrai marathon pour affirmer son innocence devant le tribunal médiatique qui, on le sait, juge diablement plus vite que le tribunal tout court. Guéant a beau s’indigner contre cette mise en cause sur la place publique, il est illico venu au-devant des caméras, sitôt que les révélations duCanard enchaîné ont été connues. Il n’a pas hésité parce que c’est, pense-t-il, ce qu’aurait fait Nicolas Sarkozy. Ne pas attendre que les balles vous débusquent, aller au-devant des balles pour montrer que vous n’avez rien à cacher, même pas vous-même.

Est-ce que cette stratégie de défense est efficace ?

Elle a un seul mérite : personne ne peut dire, ou écrire, que Claude Guéant fuit. Il se soumet aux nouvelles règles de transparence et répond aux journalistes, même quand ils sont inquisiteurs. Il le fait le moins mal possible, mais les Français ne croient plus les hommes politiques qui viennent devant les caméras pour leur expliquer qu’ils sont honnêtes. La seule question que les gens se posent, désormais, c’est qu’est-ce qu’ils cachent ? En ce sens, c’est forcément inefficace. Je peux vous dire qu’il y en a un qui a suivi de près la ligne de défense de Guéant dans les médias, c’est Nicolas Sarkozy, parce qu’il s’inquiète des liens de cette affaire avec l’accusation de financement de sa campagne 2007 par Kadhafi. Eh bien, il n’a pas aimé, Sarkozy, pas aimé du tout la façon dont Guéant s’est défendu au sujet des factures payées en liquide retrouvées à son domicile. Guéant a dit avoir touché des primes en cash entre 2002 et 2004, quand il était membre du cabinet du ministre de l’Intérieur d’alors, à savoir Sarkozy. Il a dit que tout le monde en touchait. Sur BFM TV, il a affirmé : « Ce sont des primes que l’on reçoit comme ça, qui ne sont pas déclarées, de toute éternité, voilà, c’est tout. » Le problème, c’est que ces primes ont été supprimées, par un décret de Lionel Jospin, le 31 décembre 2001. Et que Guéant a tranquillement expliqué que ça avait perduré jusqu’en 2006. 

Donc, ça met en cause Sarkozy ?

C’est précisément ce qui a énervé l’ancien président, qui a pesté devant un proche contre « l’inconscience » de Guéant. La seule qui peut se réjouir, ce matin, c’est Marine Le Pen. Que l’ex-bras droit de Sarkozy soit suspecté d’indélicatesses d’argent – pour le dire le plus sobrement possible -, c’est pain bénit, pour elle. Surtout que ça arrive quelques semaines seulement après les aveux de Jérôme Cahuzac. Une chose est claire, aujourd’hui : c’est le 1er Mai du Front national.

 

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